Faut-il accepter une mission qui excède ses compétences ?
Article publié sur
Cas pratique
Vous êtes sollicité sur une mission où vous ne vous sentez pas réellement compétent… mais financièrement vous avez besoin de prendre cette affaire. Alors, quelle stratégie adopter ?
Le conseil de Jean Touati, coach de cadres et dirigeants, Orgadia
« Une telle décision ne doit jamais être prise sur un coup de dés ou à la légère en raison de ses seules implications financières immédiates ; votre décision aura un impact en termes d’image, d’estime de soi et, à long terme, sur votre positionnement et votre développement.
Il vous faut, tout d’abord, définir clairement la nature de vos prestations et leur étendue ; ensuite vous interroger sur l’éthique que vous valorisez dans votre métier et fixer le cadre déontologique qui vous guidera dans la conduite de vos missions. Par exemple, le code déontologique des coachs insiste notamment sur le respect de la confidentialité, de l’intérêt global du coaché et de l’entreprise et sur un exercice du métier sur la base d’une expérience, d’une formation à la profession, d’un travail de développement personnel et d’une supervision.
Ce cadre une fois posé, vous serez mieux à même de déterminer si la mission envisagée entre dans le champ de vos prestations et de vos priorités de développement. Il vous faudra aussi mesurer si vous vous sentez capable de relever une certaine part de défi sans prendre de risques dommageables pour vous et votre client. Pour répondre à cela, vous ne devez pas vous contenter (sauf cas extrêmement simple) de la seule demande du prospect, mais engager avec lui un processus collaboratif de traitement de sa demande. En repartant de sa situation initiale et pas uniquement de la demande exprimée, en le questionnant sur les résultats concrets qu’il aimerait observer à l’issue de l’intervention, vous remontez avec lui à son besoin. Ce sera pour vous l’occasion d’analyser sa demande, de préciser les rôles respectifs que vous pouvez avoir dans la conduite de cette intervention, d’identifier les compétences pouvant être mobilisées en interne dans son entreprise. En ayant précisé votre rôle, vous serez aussi en mesure de légitimer l’éventuelle intervention d’une expertise complémentaire que vous pourrez solliciter dans le cadre de votre mission.
A l’issue de ce processus de gestion de la demande, vous devez être en mesure de prendre votre décision :
- Le projet apparaît sous un jour nouveau, vous intéresse et vous êtes rassuré sur votre capacité à satisfaire votre prospect.
- Vous décidez de répondre à la demande en ayant clairement identifié les compétences complémentaires qui vous seront nécessaires ; vous acquérez ces compétences par la formation, par vos lectures (n’oubliez pas qu’un consultant doit se former en permanence) ou vous mobilisez un confrère qui interviendra sur des points particuliers avec vous ou encore, vous avez recours à un confrère expérimenté qui supervisera votre intervention.
- Vous refusez d’intervenir en expliquant vos raisons à votre prospect et vous l’orientez vers un confrère. Vous renoncez à un gain financier à court terme, mais votre refus va renforcer votre crédibilité, affirmer votre positionnement et vous aider à développer une relation de confiance pour être sollicité à nouveau par ce prospect. »